Paris, le jeudi 11 avril 2019 – L’hôpital Foch (Suresnes) a réalisé le 31 mars la première transplantation française d’utérus, comme il vient de le confirmer. La donneuse âgée de 57 ans est la mère de la receveuse, atteinte d’un syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser (MRKH) qui constitue l’une des principales indications potentielles de ce type de greffe. La patiente et sa mère se portent bien. L’équipe prévoit d’initier un programme de transfert d’embryons dans une dizaine de mois, s’inscrivant dans les pratiques observées dans les pays étrangers où ce type d’intervention a déjà été réalisé.
Chirurgie robotique
Les praticiens qui à travers le monde se sont engagés dans des protocoles de transplantation d’utérus ont dû se confronter aux problèmes éthiques soulevées par le type de donneuses à privilégier. Le prélèvement chez des donneuses vivantes est en effet garant d’organes de meilleure qualité, permet de limiter les problèmes de pénurie et plus encore de comptabilité si la donneuse fait partie de la famille de la receveuse. Cependant, il s’agit d’une intervention complexe et à risque (pour la donneuse et la receveuse), réalisée pour un organe qui n’est pas vital. Pour tenter de minimiser cet écueil, alors que jusqu’à aujourd’hui une seule greffe réalisée à partir d’une donneuse décédée a permis d’obtenir une naissance, contre une quinzaine après transplantation d’un utérus prélevé chez une donneuse vivante, l’attention des équipes s’est concentrée sur le perfectionnement des techniques de prélèvement. Ainsi, le recours aux robots chirurgicaux pourrait être dans l’avenir plébiscité. Il contribue en effet à un prélèvement d’une plus grande précision mais aussi à une réduction des complications pour les donneuses.
La Suède est en pointe dans ce domaine. Ce lundi est ainsi né en Suède le premier enfant après une greffe d’utérus prélevé avec un robot. « Pour la première fois, nous montrons que la technique chirurgicale moins invasive assistée par robot est praticable » a commenté Mats Brännström, professeur d’obstétrique et de gynécologie à la Sahlgrenska Academy et pionnier des greffes d’utérus. Ce praticien espère également développer une approche similaire pour l’implantation. Alors que la France a étroitement collaboré avec l’équipe suédoise, notamment en ce qui concerne la chirurgie robotique au sujet de laquelle l’équipe de Jean-Marc Ayoubi de l’hôpital Foch dispose d’une expertise importante, le prélèvement réalisé il y a dix jours a appliqué le protocole reposant sur l’assistance d’un robot.
Une quinzaine de naissances en bonne santé
Une quinzaine d’enfants est née dans le monde aujourd’hui après une transplantation d’utérus. Si dans la majorité des cas, les équipes ont fait le choix d’utiliser des organes prélevés chez des donneuses vivantes, des praticiens de Limoges ont pour leur part opté pour un protocole reposant sur des donneuses décédées.
Aurélie Haroche
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